Il y a un certain nombre de situations dans lesquelles ont doit retenir un texte. À l’école c’est une évidence. Mais dans la vie adulte aussi, on peut avoir cette obligation. Considérez ces quelques exemples :
- Un petit speech pour une réception, un pot de retraite, un mariage, un enterrement ou toute autre cérémonie. Bien sûr, on peut toujours lire un papier. Mais vous serez toujours plus apprécié si vous le faites d’une façon apparemment spontanée.
- Un exposé à faire lors d’une réunion de travail. Se passer de notes vous permet une bien meilleure connexion avec les autres. Vous serez pris plus au sérieux que si vous lisiez vos notes et vous convaincrez plus facilement votre auditoire.
- Un rôle dans une pièce de théâtre si vous pratiquez ce loisir. L’apprentissage du rôle est souvent rébarbatif et demande beaucoup de répétitions. Il existe pourtant des moyens d’apprendre plus facilement.
- Des leçons à savoir dans le détail pour un contrôle ou un examen. Là aussi, il existe des moyens pour rendre cet apprentissage plus facile.
- Un exposé long, voire une conférence. Certes, ce n’est pas usuel. Mais il est utile de savoir que même un tel exercice peut être réussi beaucoup plus facilement que vous ne l’imaginez.
Bref, quelle que soit votre cas, si vous voulez retenir un texte, cet article est fait pour vous.
La clé n° 1 pour retenir un texte en général : la compréhension
Sans surprise, c’est la compréhension. On retient mieux un texte quand on le comprend. Essayez un peu de retenir un texte en zoulou si vous ne parlez pas cette langue… Votre performance sera proche de zéro. En revanche, même si vous ne retenez pas tout, vous retiendrez forcément quelque chose du même texte en français.
C’est pourquoi retenir un texte peut parfois s’avérer difficile si vous ne le comprenez pas bien. Ce peut être le cas lorsque le sujet est complexe ou quand vous manquez de temps pour approfondir. C’est ainsi que je n’ai jamais réussi à retenir les théorèmes d’Einstein parce que cela dépasse mes capacités d’abstraction.
Évidemment, cet exemple est un peu extrême. Dans les cas les plus courants, c’est plutôt qu’on n’a pas pris (ou pas eu) le temps de comprendre. Ce temps il faut le prendre.
Notamment, la première chose à faire c’est de contextualiser ce que l’on lit. La remémoration a en effet besoin d’indices de récupération pour retrouver ce que vous avez lu. C’est-à-dire d’informations facile à retrouver qui vont, par association, vous menez aux informations que vous voulez retrouver.
Or le contexte est une mine d’indices de récupération. Donc, avant de chercher à apprendre, prenez le temps de faire une première lecture du texte en entier. Prenez des notes, soulignez ou mettes des repères en marge pour les points importants.
Une fois cette étape terminée, vous pouvez passer à une lecture plus détaillée. Et surtout, si vous ne comprenez pas quelque chose, documentez-vous, demandez des explications autour de vous ou à votre navigateur préféré sur l’Internet.
Comprendre, c’est vraiment la clé numéro 1.
La clé numéro 2 pour retenir un texte plus facilement : le plan et le résumé
Comprendre, c’est la base pour mémoriser et pouvoir se remémorer. Mais il y a aussi des astuces qui facilitent les choses. J’en ai expérimenté beaucoup pour retenir les cours quand j’étais étudiant.
Par exemple, et en vrac :
- Les taper à la machine
- Les résumer
- Les reconstituer avec des camarades (on ne note pas toujours tout)
- En discuter avec eux,
- Se poser mutuellement des questions sur le cours
- Les réviser jusqu’à plus soif
- En faire un plan global
J’en ai ici retenu deux qui fonctionnent très bien, en toutes circonstances.
D’abord : extraire le plan du texte. S’il comporte déjà des titres et des sous-titres, c’est déjà un plan. S’il ne vous parait pas clair, n’hésitez pas à le refaire.
Évidemment si c’est vous qui avez écrit le texte, ne faites jamais des pavés indigestes. Utilisez un grand titre puis des sous-titres. Cela vous permet de structurer la matière et votre pensée. Ensuite, n’apprenez pas votre texte par cœur. Apprenez plutôt par cœur votre plan ! A partir de là, vous verrez que chaque sous-titre vous fera penser à son contenu, c’est imparable.
Ensuite : faites un résumé. Qu’il s’agisse de votre propre texte (intervention orale…) ou d’un texte que vous n’avez pas choisi (cours…), c’est un puissant facilitateur de remémoration. Tout comme le plan, c’est ce qu’on appelle un plan de récupération. C’est-à-dire un texte limité mais qui contient suffisamment d’indices de récupération pour que vous puissiez reconstituer le texte original.
Le texte original ? Non, pas vraiment. Dans la mesure où ce n’est pas ce dernier que vous avez appris mais le plan et le résumé vous serez beaucoup plus libre de votre vocabulaire.
La clé numéro n° 3 pour retenir un texte au mot près : interpréter
Bouger, telle est cette clé. Prenez modèle sur le théâtre. Ici, pas de résumé… il faut retenir le texte au mot près. Malgré tout, ce n’est pas si difficile. En effet, vous pouvez activer plusieurs mémoires auxiliaires pour vous aider. La mémoire motrice, kinesthésique ou topographique par exemple, et le contexte.
Le contexte, ce sont les autres comédiens. Leurs tirades sont d’énormes indices de récupération. Ils vous amènent quasi automatiquement à votre réplique.
La mémoire motrice, c’est celle des mouvements, la mémoire synesthésique c’est celle des sensations créées le mouvement. La mémoire topographique c’est celle des lieux. Or, une scène de théâtre, c’est un espace dans lequel on évolue. On y bouge, on y marche, on s’adresse aux autres comédiens, etc. On fait des gestes, on baisse ou on élève la voix…
C’est pourquoi, c’est en jouant , en interprétant votre texte dans l’espace de votre salon que vous réussirez le mieux. En imaginant les autres comédiens. En entendant mentalement leurs tirades et en leur répondant, vous pourrez retrouver assez facilement votre texte.
C’est d’ailleurs le conseil du comédien Olivier Lejeune. C’est un expert car il a dû assez souvent remplacer un comédien souffrant en n’ayant que quelques heures pour apprendre son rôle. Chaque fois, il a procédé par gestes et mouvements. Avec succès.
Une autre astuce si vous êtes en difficulté avec un passage : chantez-le ! Ça parait bizarre, mais la mélodie est un extraordinaire indice de récupération. Dans les cas difficiles, chanter le passage récalcitrant, tout en faisant des gestes qui vous paraissent « raccord », ça marche absolument à tous les coups.
J’ai pris l’exemple du théâtre qui est très parlant. Mais ces façons de faire sont valable quelle que soit la raison pour laquelle vous devez retenir un texte au mot près.
La clé numéro 4 pour retenir un texte autrement : la méthode QR
Autrement dit, la méthode « question-réponse ». Elle consiste, après avoir lu le texte, à se poser des questions dessus. Soit, vous connaissez très bien la réponse et vous vous la donnez. Soit, vous ne vous rappelez pas et vous aller revoir le texte. Et ainsi de suite.
Si cette méthode marche bien, c’est en raison du fonctionnement du cerveau. Lorsque vous vous posez une question, il attend une réponse. Il se met en éveil. C’est pourquoi, nous avons toujours un sursaut d’attention dans ces cas-là. C’est justement ce qui facilite la mémorisation et la remémoration.
Cette « curiosité du cerveau » est un fait avéré. Au point que si, avant même la lecture d’un texte, vous vous posez déjà des questions sur ce qu’il peut bien contenir, vous ne pourrez pas vous empêcher, de faire des conjectures, des hypothèses.
Des études à l’IRM ont montré que, dans cette mécanique de la curiosité, le cerveau active le « circuit de la récompense » et produit de la dopamine.
Si les hypothèses sont vérifiées à la lecture, la mémorisation sera meilleure que si vous ne les aviez pas pressenties. Si elles ne sont pas vérifiées… c’est la même chose ! En effet, notre mémoire retient particulièrement bien les données contrastantes. Ce biais de mémoire est connu depuis l’Antiquité et on l’utilise encore dans certains moyens mnémotechniques.
Conclusion : vous obtiendrez les meilleurs résultats en procédant en deux temps. D’abord en faisant des hypothèses sur ce que vous allez trouver dans le texte. Ensuite en vous posant des questions sur ce que vous avez lu. Lorsque vous serez capables de répondre à toutes les questions sur ce texte, alors vous avez bien retenu le contenu.
Conclusion
Cet article est évidemment un survol des principaux moyens (il y en a sans doute d’autres) pour retenir un texte. Son but est surtout de vous convaincre qu’il existe d’autres moyens que le « par cœur ». Car il se trouve que ce dernier est chronophage et fragile.
Chronophage parce qu’il prend énormément de temps. Pour un texte long, c’est presque mission impossible. Fragile parce que la fin des répétitions amorce son déclin. Il faut l’entretenir. Mais surtout parce que les indices de récupérations se limitent à la phrase précédente. Elle amène la suivante. Mais en cas de trou de mémoire, vous perdez totalement l’indice et donc le fil. Retenir un texte par cœur n’est décidément pas une bonne idée.
Notez bien que les clés évoquées ci-dessus (sauf le 3) ne vous amènent jamais à retenir le texte par cœur. En revanche, elles vous amènent à retenir le contenu. C’est le sens que vous retenez, pas les mot-à mots pour l’exprimer. La conséquence c’est que vous pouvez vous exprimer avec les mots qui vous viennent au moment où vous parlez.
Autrement dit, vous ne ferez jamais deux fois exactement la même prestation. Comme un conférencier qui ne donne jamais deux fois exactement la même conférence. Le contenu est toujours le même, mais l’expression peut varier. Selon les circonstances, selon les réactions de votre public, vous pouvez vous adapter en continu.
Quelle que soit la raison qui vous amène à devoir retenir un texte, hormis évidemment le cas du théâtre évoqué plus haut, ne cherchez jamais à apprendre les mots eux-mêmes. Les mots, c’est l’habillage. Ce qu’il faut retenir c’est le sens contenu dedans, pas la toilette.
Maintenant, vous n’avez plus qu’à vous y mettre…
Laisser un commentaire