La chose la plus puissante que vous puissiez faire pour votre corps

L’une des pratiques les plus courantes dans les grandes traditions spirituelles du monde est le jeûne.

Bouddha s’est abstenu de manger et de boire pendant sa période d’ascèse – et les moines bouddhistes jeûnent chaque mois à la nouvelle lune et à la pleine lune. Le jeûne fait partie intégrante de la religion hindoue. Et s’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil pendant le Ramadan est l’un des cinq piliers de l’islam.

La Bible contient des dizaines de références au jeûne. Il est prescrit comme préparation pour un événement important, comme rite de deuil et comme forme d’expiation. Dans le Nouveau Testament, Jésus jeûne pendant 40 jours. Dans l’Ancien Testament, Moïse le fait (deux fois).

Les juifs orthodoxes jeûnent pendant Yom Kippour, Tzom Gedaliah et Pourim. Les premiers chrétiens jeûnaient tous les mercredis et vendredis. Beaucoup le font aujourd’hui pendant l’Avent, la Pentecôte, l’Assomption ou le Carême.

Pour les sceptiques, bien sûr, le jeûne évoque certaines des pires associations avec la religion : irrationalité, culpabilité, abnégation ou punition. Mais même si effectivement, les dérives existent, les praticiens soutiennent que c’est un moyen de se purifier et de se recharger, au niveau biologique ! Le jeûne renforce la tempérance et la maîtrise de soi. Cela peut être un moment pour vous concentrer sur votre vie intérieure plutôt que sur vos besoins physiques. Et cela favorise l’humilité et l’empathie. Après tout, n’est-il pas plus facile de s’identifier au sort des affamés du monde lorsque votre propre estomac gargouille ?

Tout le monde est contre la faim dans le monde me direz vous. Mais qui jeunerait une fois par mois et mettrait l’équivalent monétaire dans un projet humanitaire ? Alors, le jeûne ne réveille-t-il pas d’un coup toute une spiritualité ?

La science démontre également les avantages du jeûne. 

La recherche montre que rien n’est plus efficace pour augmenter la durée de vie humaine que la restriction calorique. Mais pendant les périodes de jeûne, le corps se met également en mode maintenance, réparant et protégeant les tissus, les organes et le système nerveux. Et cela peut conduire à un puissant sentiment de catharsis (libération des traumatismes refoulés), en particulier pour ceux qui ont consommé trop d’aliments transformés ou malsains.

En bref, cette ancienne pratique spirituelle gagne aujourd’hui des millions d’adhérents laïcs. Pourquoi? Parce que les preuves scientifiques en sa faveur sont sans équivoque. Demandez simplement au Dr Michael Mosley, niveau perte de poids

Mosley a suivi une formation de médecin au Royal Free Hospital de Londres, mais après avoir réussi ses examens médicaux, il a rejoint la BBC et a commencé à réaliser des documentaires scientifiques. Il a remporté de nombreux prix, notamment celui de journaliste médical de l’année par la British Medical Association. Son documentaire de 2012 “Eat, Fast, and Live Longer”, visionné par plus de 30 millions de personnes dans le monde, a fait sensation.

Le Dr Mosley insiste sur le fait qu’il n’y a rien d’autre que vous puissiez faire pour votre corps qui soit aussi positif et puissant que le jeûne. Il pointe des montagnes de preuves – et sa propre expérience personnelle – pour le prouver.

Jeûner ne signifie pas nécessairement renoncer à manger pendant une journée entière. La technique recommandée par le Dr Mosley est le jeûne intermittent . Il recommande de consommer un quart de votre apport calorique régulier sur deux jours non consécutifs chaque semaine. C’est 600 calories pour les hommes et 500 pour les femmes. Pour des raisons évidentes, cela s’appelle un régime 5: 2 – cinq jours de marche et deux de repos pour le corps.

Mais attention, ce n’est pas un régime ! L’appeler un “régime” est un abus de langage, vraiment. Les régimes concernent ce que vous mangez. Le jeûne intermittent consiste à ne pas manger, tout simplement. Avec ce plan, il n’y a pas de règles compliquées à suivre, pas de recettes à apprendre, pas de points à additionner et pas de listes d’aliments que vous pouvez ou ne pouvez pas consommer. Au lieu de dire « non » tout le temps, vous avez une vie. Vous pouvez planifier à l’avance tout en vous amusant lors de fêtes, de barbecues et de banquets. Vous pouvez manger tous les aliments que vous aimez la plupart du temps.

Et il y a de nombreux avantages pour la santé. Des études indiquent que le jeûne intermittent améliore votre taux de cholestérol et votre glycémie.

• Vous rapproche d’un indice de masse corporelle de 25 ou moins, réduisant votre risque d’hypertension artérielle, de diabète de type 2, de maladie coronarienne, d’accident vasculaire cérébral, de maladie de la vésicule biliaire, de cancer du côlon et du sein, d’arthrose et de problèmes respiratoires.
• Améliore l’IGF-1 – une hormone qui empêche la mort cellulaire et ralentit le processus de vieillissement – réduisant le risque d’un certain nombre de maladies liées à l’âge.
• Active des millions de gènes de réparation en réponse au stress physiologique mineur du jeûne.
• Donne du repos à votre pancréas, augmentant l’efficacité de l’insuline qu’il produit.
• Favorise un sentiment accru de bien-être. De nombreux jeûneurs signalent une «lueur» dans leur bien-être, peut-être le résultat de quelque chose qui se passe à un niveau métabolique qui régit nos humeurs ? A vérifier par vous-même je dirais

Pourquoi le jeûne intermittent est-il si bon pour vous ? 

Les scientifiques émettent l’hypothèse que c’est parce que les êtres humains ont évolué dans un environnement où la nourriture était souvent rare. Nous sommes le produit de centaines de milliers d’années de fête ou de famine. Le jeûne intermittent imite l’environnement dans lequel nos corps et nos gènes ont été façonnés !

Votre corps est parfaitement adapté pour répondre aux contraintes et aux chocs d’une manière qui le rend plus résistant et plus sain. (Le terme scientifique est hormèse.) Lorsque vous limitez sévèrement votre apport calorique, vous « faîtes un tour de magie à votre corps” en lui faisant croire qu’il est dans une situation de famine potentielle. Il passe de son mode “go-go” ordinaire à un mode maintenance. Et cela conduit à une corne d’abondance d’avantages pour la santé. Peut-être pour cela que l’on dit qu'”un sac vide ne tient pas debout !”. On parle bien d’un jeune intermittent, pas d’arrêter de manger complètement !

Les jeûneurs intermittents font généralement des découvertes inattendues. Ils constatent qu’ils mangent généralement, non pas parce qu’ils ont faim, mais parce qu’ils s’ennuient, ont soif ou simplement parce que de la nourriture se trouve devant eux. Nous mangeons par habitude, ou parce qu’il est une certaine heure, ou parce que nous avons peur d’avoir faim plus tard si nous ne le faisons pas. Personne ne peut dire que ce n’est pas vrai à moins d’avoir de sérieux problèmes d’alimentation, mais d’un autre ordre. Consultez svp si c’est vôtre cas !

Il existe également un certain nombre d’idées fausses mais courantes sur le jeûne. La première est que ce serait incroyablement difficile. Vous pourriez imaginer que la faim grandit et grandit jusqu’à ce qu’elle devienne insupportable et que vous vous retrouviez face contre terre à renifler le sol jusqu’au prochain kebab. 

La réalité est que la faim va et vient par vagues, puis passe. C’est très facile à gérer puisque la consigne est claire, ne pas manger ! Ca évite de pouvoir se dire “oh, juste ça, c’est pas grand chose !” Voyez ce que je veux dire ? Un verre d’eau et hop, le cerveau passe à autre chose

Le jeûne rend t-il plus difficile la concentration ?

Nous avons tendance à supposer que le jeûne rend plus difficile la concentration. Pourtant, les jeûneurs rapportent que cela aiguise leurs sens et leur concentration. La plupart croient que le jeûne les rendra irritables. Mais des études montrent qu’il améliore l’humeur et protège le cerveau de la démence et du déclin cognitif. On le répète, il ne s’agit pas d’arrêter de manger totalement, mais de jeûner par intermittence.

Bien sûr, la plus grande idée fausse est que si vous jeûnez un jour, vous le paierez en surconsommant le lendemain. Pourtant, les participants à l’étude à qui l’on a dit de manger tout ce qu’ils veulent les jours où il n’y a pas de jeûne déclarent régulièrement ne manger qu’un peu plus que d’habitude. Essayez, vous verrez !

Parce que le plus grand obstacle au jeûne est la peur. Notre cerveau a évolué pour nous persuader de manger autant que possible et aussi souvent que possible pour nous prémunir contre la faim future. C’était une stratégie efficace dans un environnement privé de nourriture. Mais dans notre monde moderne d’aliments bon marché, faciles d’accès, gras, salés et sucrés, c’est un handicap certain. Et leur accès si facile ! Ben oui, je sais pas vous, mais moi j’ai arrêté de chasser le mammouth depuis un moment déjà, c’est plus facile de passer à l’épicerie tout de même

Bon, il est peut-être plus prudent maintenant de réapprendre à jeûner ^^

Si vous souhaitez essayer le jeûne, vous pouvez commencer par regarder le documentaire du Dr Mosley, largement disponible sur Internet (en anglais forcément). Dans un livre de suivi, il propose également ces conseils :

• Trouvez un ami ou un membre de votre famille pour vous rejoindre… ou au moins vous soutenir dans votre décision. Pas d’amis et pas de famille ? Chez “Le Jour se lève”, on vous recommande de ne pas vous forcer à ne pas manger en plus de ça ^^
• Les deux jours où vous jeûnez chaque semaine sont sans importance, deux jours non consécutifs feront l’affaire. Mais pour des raisons de planification, beaucoup trouvent que les lundis et jeudis fonctionnent mieux.
• Essayez de jeûner de 2 à 2. La plupart des jeûnes quotidiens ont lieu du matin au soir. Mais ils n’ont pas besoin de l’être. N’importe quelle période de 24 heures fera l’affaire. Vous trouverez peut-être plus facile de jeûner, disons, de 14 heures un jour jusqu’à 14 heures le lendemain. Adaptez selon vos essais
• Lorsque vous êtes tenté de manger, attendez toujours 10 ou 15 minutes pour voir si la faim diminue. Buvez un verre d’eau, mettez votre attention sur quelque chose qui vous concentre sur autre chose. Là, par exemple, j’avais faim, et bien me mettre à la deuxième lecture de cet article m’a aidé à ne pas y penser et même à ne plus la ressentir. Par contre, merci, je viens de me rappeler qu’il me reste des supers petits trucs à grignoter… Vade Retro Ananas !
• Restez hydraté ! Vous pouvez être tenté de manger alors que vous n’avez que soif.
• Distrayez-vous, si nécessaire, avec une promenade, un coup de téléphone ou tout ce qui vous fait oublier de manger. Personne n’a faim les premières secondes d’un saut en parachute par exemple. Un avion sous la main ?
• Préparez à l’avance vos plats du jour du jeûne. Cela vous évite la dangereuse tentation de chercher de la nourriture dans le garde-manger ou le réfrigérateur.
• Quoi que vous mangiez un jour de jeûne, savourez le pleinement. Concentrez vous sur le plaisir que ça vous procure. Chaque bouchée, appréciez la !

Beaucoup décrivent le jeûne comme l’équivalent d’appuyer sur un bouton de réinitialisation pour tout le corps. Vous craignez peut-être que passer une journée entière tout en consommant 600 calories ou moins soit une pure torture. Mais quiconque a dû se préparer à une coloscopie sait qu’une journée sans manger n’est pas la fin du monde ^^

Mosley rapporte que les hommes apprécient le jeûne intermittent car il est simple (pas sympa pour les hommes, je sais), il ne nécessite aucune compétence culinaire (re merci Docteur !) et peut être considéré comme un test de volonté difficile mais agréable. Les femmes ont tendance à l’aimer parce que c’est facile à mettre en œuvre, leur corps y réagit rapidement (waow, c’est si rare que ça ?) et même si elles ne mangent pas leur chocolat bien-aimé aujourd’hui, elles savent qu’elles le pourront le lendemain. Si Monsieur n’est pas passé par là pour se venger des premières remarque du Dr Mosley.

Le jeûne intermittent n’est pas une invitation à se gaver puis à mourir de faim. C’est calibré et sensé. Au fil du temps, la plupart des jeûneurs voient leur appétit se modérer. Et même si cela peut sembler une corvée difficile au début, avec le temps, le sentiment de privation diminue et manger de cette façon devient une seconde nature.

Tout le monde ne devrait pas jeûner, bien sûr. La liste comprend les enfants, les femmes enceintes, les personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents ou celles qui sont déjà trop maigres.

Mais pour le reste d’entre nous, il y a de bonnes raisons de l’essayer : une physiologie auto-réparatrice, une plus grande résistance aux maladies, un coup de pouce cognitif et une longévité améliorée. Et, surtout, une perte de poids régulière et durable. Le Dr Mosley rapporte qu’il a perdu du poids si rapidement qu’il est passé au jeûne un seul jour par semaine une fois qu’il a atteint son poids idéal.

En bref, le jeûne intermittent offre une foule d’avantages physiques et psychologiques. Ce n’est pas un régime, mais une stratégie durable pour une vie plus longue et plus saine. Vous avez beaucoup à gagner… et peut-être aussi à perdre un peu.